Samedi, 3 heures de route depuis Dijon, mais cela en valait le coup.
Nous avons eu un accueil exceptionnel aux petits oignons.
Les grandes falaises des carrières Sauvanet sont bien droites.
Toute la colline est comme un caillou d’un bloc avec très peu de terre
et de végétation au sommet.
Elle est exploitée depuis le moyen-âge. Elle appartient à la même
famille de carriers depuis deux siècles, Philippe Sauvanet est la
septième génération.
Et il y en a encore pour des siècles d’exploitation.
Débouché : pierres de taille et enrochement de la Loire.
Sauvanet a un secret unique au monde :
Le découpage de blocs énormes de 18 mètres de côté, ce qui est un exploit.
Il faut pour cela percer deux trous de 6,5 cm de diamètre à angle droit
qui se rejoignent.
Un trou vertical puis un autre horizontal qui débouche sur la fin du
forage du premier.
Les « petites » difficultés proviennent du fait qu’en plus de bien viser,
le trou horizontal ne peut pas l’être complètement car il a la forme
d’un arc légèrement courbé, et que le cintrage varie en fonction de la
dureté de la roche…
Pour tomber juste, il utilise des abaques et des tables de calculs créés
par son grand-père, à partir d’essais et d’erreurs.
Il est donc capable de percer deux trous de 18 mètres de long à angle
droit qui tombent sur le même point. Une belle application mathématique.
Un câble d’acier est ensuite passé par un trou et récupéré par l’autre
trou (avec une tringle ?).
Puis les deux extrémités du câble sont reliées et mises en mouvement par
une machine.
Lorsque le bloc se détache il se couche sur un tas de débris préparé qui
amortit sa chute afin qu’il ne se fracture pas n’importe comment. En
prenant en compte le fait que le sommet tombe plus vite que la base.
Puis cet énorme bloc est débité suivant les besoins.
Sa méthode de découpe des BTI (Blocs de Tailles Invraisemblables)
intéresse de grands groupes étrangers. Il a été approché mais ne
souhaite pas la vendre pour le moment.
Les ouvriers travaillent dans un nuage de poussière mais c’est sans
danger pour les poumons car c’est du calcaire et pas de la silice qui
donnerait la silicose. Ils ne sont pas du métier à la base mais il y a
un tel taux de chômage dans la région…
Nous étions 7 personnes à venir pour extraire des fossiles, dont 2 déjà
sur place.
Temps froid et ensoleillé, mais il avait plu la veille, donc impossible
de creuser le sol comme envisagé par Daniel Cayron.
Le matin est passé à explorer les lieux puis à inspecter les falaises et
les blocs détachés en bas.
A la base d’un gros bloc, Sauvanet m’indique une blanche fossilisée de
plus d’un mètre de long dont des morceaux émergent. Il peut faire venir
un câble pour le cisailler en faisant attention, car le bloc pourrait
basculer, ce serait dangereux. Je décline, je ne vois pas encore le
potentiel.
A midi nous avons droit à une salle près du parking mais il fait beau et
nous mangeons dehors en sortant un banc.
Le propriétaire-exploitant nous dit que l’on peut se servir en bières
dans le frigo. Nous refusons poliment, nous avons d’autres « débouchées »
: des bouteilles de vin.
En remerciement pour l’accès et l’excellent accueil, Daniel Cayron offre
un carton de blancs et de rouges.
L’après-midi nous nous focaliserons sur les gros blocs d’environ deux
mètres de côté, en les examinant un par un.
Ils ressemblent à des alignements de Carnac trop serrés et mal dégrossis.
L’exploitant les laisse sécher un an avant de les débiter.
Les fossiles qu’ils contiennent sont des faiblesses dans les plaques,
cela ne l’intéresse donc pas de les conserver et il nous indique ceux
que l’on peut attaquer. On se complète bien.
Le coin attire du monde.
Sauvanet nous dit qu’un groupe d’Orléans est venu en bus, avec une
carriole contenant plus de matériel que nous.
Une salle contient des outils anciens, des exemples de produits taillés
finis, des dallages, de grandes bouteilles, des escargots géants, des
bancs, des tabourets creux, et une table ronde avec des entailles
triangulaires à angles rentrants droits, impossibles à faire rapidement
à la disqueuse. Une baronne ou une comtesse et ses amies en ont
commandés cinq exemplaires.
Et au milieu quelques fossiles, dont un étonnant bois fossilisé incrusté
de boules. Daniel a trouvé que ce n’était pas la résine mais des trous
de vers.
Dehors il avait exposé un bloc de plusieurs tonnes avec un ichtyosaure.
Un matin il avait disparu…
Philippe Sauvanet nous dit qu’il a terminé tard la journée précédente pour
prendre sa demi-journée avec nous l’après-midi et nous aider.
Sur un gros bloc en bord de chemin il nous indique deux grandes taches
un peu plus blanches sur un bord : c’est une ammonite tranchée.
Daniel Cayron passera plus d’une heure à découper des entailles de plus
en plus profondes.
La disqueuse créé un nuage de poussière qui nous blanchit les cheveux.
On dirait un groupe de petits vieux.
Très serviable Philippe Sauvanet propose d’aller plus vite avec du matériel plus
gros, disqueuse ou perforateur. Il appelle un de ses collaborateurs, mais la
machine est indisponible (ou en panne ?).
Il faudra terminer l’extraction à la masse.
Beaucoup de fossiles sont inclus dans les gros blocs, terriblement ardus
à extraire au burin et au marteau.
Nous ne ramenons pas pas grand-chose par rapport à d’autres sorties (quelques ammonites , un nautile, tous de belle taille) mais nous avons des idées plus précises pour la prochaine fois.