Le callovo-oxfordien du Dijonnais

La « montagne » Dijonnaise est une région de plateaux entaillés de profondes vallées situés à l’ouest de Dijon. Elle est constituée essentiellement de roches du jurassique moyen, les étages s’étalant du bajocien pour le plus ancien jusqu’au kimméridgien pour le plus récent. Les mouvements tectoniques alpins, assez éloignés, ont conduit à l’élévation de leurs couches géologiques  tout en gardant leur horizontalité d’origine. Parmi ces étages il existe une couche repère à la limite du callovien et de l’oxfordien (qu’on appelle donc callo-oxfordien), facilement identifiable sur le terrain. Elle est représentée par un liseré rouge sur la carte géologique au 50 000ème.

 

Extrait de la carte géologique des environs de Plombières

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quatre niveaux constituent cette couche repère:

Coupe du callovo-oxfordien de Lantenay

1 . Calcaire à balanocrines

Calcaire « blanc » . On y aperçoit des tronçons de crinoïdes

C’est un calcaire marneux blanc-gris, rugueux au toucher qui se débite en plaques irrégulières.

Il contient de nombreux fossiles (bivalves, brachiopodes, serpules, ammonites…) dont une espèce de crinoïde appelée balanocrines subteres. Les tronçons des tiges de celles-ci montrent des cassures circulaires  avec les clivages caractéristiques de la calcite dont elles sont constituées. Ce niveau a une épaisseur de quelques dizaines de cm mais peut atteindre 2m par endroits. Les fossiles y sont de petites taille mais assez bien conservés.

 

2 . Oolithe ferrugineuse

Ammonite perisphinctes (4cm) dans l’oolithe.

C’est le niveau le plus facilement repérable sur le terrain. Il s’agit d’un calcaire marneux pétri de petits grains d’oxydes de fer (les oolithes) qui lui donnent sa couleur brun orangé caractéristique. Cette couche est extrêmement fossilifère: nombreuses espèces d’ammonites, gastéropodes, pholadomya, pinna, etc…

Pleurotomaria (6cm)

C’est un niveau condensé (il y a eu peu de dépôts de sédiments et par conséquent une densité importante de coquilles et restes de squelettes) et remanié (à l’oxfordien moyen, il s’agissait probablement d’un rivage calcaire contenant des fossiles de l’oxfordien et callovien qui on étés brassés par la houle).

 

S’ils y sont très nombreux, les fossiles sont souvent corrodés et encroûtés d’oxydes de fer.

3 . Calcaire « bleu »

Bloc de calcaire « bleu » avec sa patine couleur caramel.

La couleur attribuée à ce niveau est un peu abusive, celui-ci montrant une cassure brun-gris. En revanche il est assez reconnaissable à la patine orangée que lui confèrent les oxydes de fer faisant ressembler les blocs à de gros caramels! (très durs à casser…)

Ce niveau possède une faune riche mais de petite taille: ammonites (hecticoceras caractéristique, kosmoceras, perisphinctes etc…), bivalves (goniomya, pinna). Généralement de faible épaisseur (<50cm) sa partie supérieure montre quelquefois (Velars, Lantenay, Fleurey, Plombières…) une zone de quelques cm, gélive, libérant sous le marteau de très beaux fossiles en calcite.

Envers de la même pièce montrant des fragments d’ammonites sur une cassure fraîche

4 . Calcaire « jaune »

Bloc de calcaire jaune

Cette fois la couleur  correspond bien à ce qu’on peut observer de ce niveau (mais l’exposition à la lumière le décolore un peu). Ce sont des blocs aux contours arrondis d’un calcaire marneux légèrement sableux qui contiennent un bivalve caractéristique (chlamys scarburghense). On y trouve une faune assez variée : ammonites (peltoceras athleta, kosmoceras,..) pas toujours très bien conservées, bivalves (pholadomya, chlamys, etc..), bois flotté etc…

 

 

 

 

 

Ces 4 niveaux ne sont pas toujours développés de la même façon. Même si son épaisseur varie de 40 cm à plus de 3m, le calcaire blanc est le plus constant. Les 3 autres niveaux sont d’ordre décimétrique ou quelquefois l’un d’eux est absent. Le callovo oxfordien offre une grande prise à l’érosion, on ne le trouve donc que sur des surfaces pratiquement horizontales (les blocs éparpillés par les labours par exemple) et non en falaises.

Le niveau immédiatement en dessous appelé « dalle nacrée » (callovien J3) se débite en dalles anguleuses assez dures formant un ensemble résistant à l’érosion.

Au dessus du callovo oxfordien on rencontre un calcaire très blanc (oxfordien J5) assez sensible au démantèlement. Il se débite en petites plaquettes aux contours arrondis dissous par les eaux météoriques.

Sur le terrain:

En l’absence de falaises et d’affleurement rocheux, le callovo oxfordien est surtout visible dans les champs labourés.  L’oolithe ferrugineuse y est la plus simple à repérer mais du fait de sa minceur elle apparaît souvent comme une bande étroite encadrée par des « plaquettes ». Le niveau d’oolithe ferrugineuse a été exploité comme minerai de fer dans plusieurs localités (Villecomte, Darois, Marsannay le Bois…). Les trous de ces « minières » recouverts de végétation permettent parfois une bonne récolte. D’autre part de nombreuses petites carrières ont été ouvertes dans la « dalle nacrée » du callovien J3 pour en extraire les « laves », pierres plates destinées à la couverture des bâtiments. Quelquefois la partie la plus haute de ces petits fronts de taille permet d’observer un affleurement de callovo-oxfordien (La Pérouse, Urcy…).

A télécharger : Guide prospection dans le callovo oxfordien

Ça se complique!

On pourrait penser d’après les lignes précédentes que sur le terrain, une fois qu’on s’est bien positionné sur le callovo-oxfordien, il suffit de se baisser pour ramasser les fossiles. Ce n’est hélas pas toujours le cas:

  • Il suffit de la présence d’un niveau sur les quatre pour que le liseré rouge (dont la largeur sur la carte est souvent exagérée) apparaisse sur la carte géologique. C’est plupart du temps le calcaire blanc (qui d’ailleurs peut prendre  une teinte rosée).
  • Lors du lever de la carte, les géologues ont pratiqué des sondages qui leur ont permis d’identifier les roches situées sous l’humus: en forêt, il ne faut pas s’attendre à trouver d’affleurement visible du callovo-oxfordien.
  • Lorsque le terrain est pentu,  le schéma de la coupe de terrain ci-dessus devient le suivant:

Malgré tout cette couche repère reste un des niveaux les plus faciles à identifier dans la région et peut  fournir de bons échantillons d’une faune très variée.

Bonnes touvailles!

Aspidoceras -10cm- (Lantenay)

 

Kosmoceras -6cm- (Fleurey sur Ouche)

 

Kosmoceras -4cm- (Fleurey sur Ouche)

 

Trochus- 6cm- (Prenois)

 

Hecticoceras -8cm – (Urcy)

 

Cardioceras – 10cm (Lantenay)

 

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